Le blog-notes mathématique du coyote

 

Extra

Editorial

Ce blog a pour sujet les mathématiques et leur enseignement au Lycée. Son but est triple.
Premièrement, ce blog est pour moi une manière idéale de classer les informations que je glâne au cours de mes voyages en Cybérie.
Deuxièmement, ces billets me semblent bien adaptés à la génération zapping de nos élèves. Ces textes courts et ces vidéos, privilégiant le côté ludique des maths, pourront, je l'espère, les intéresser et leur donner l'envie d'en savoir plus.
Enfin, c'est un bon moyen de communiquer avec des collègues de toute la francophonie.

dimanche 19 mai 2013

Le courant électrique qui rend meilleur en maths

Comment améliorer ses performances en mathématiques sans plancher des heures durant sur un livre ? Il suffit de quelques chocs électriques dans un endroit bien précis du cerveau pendant la résolution d’un problème, et les capacités de calcul s’améliorent. De quoi donner des idées à quelques semaines des épreuves du bac…

Vous en aviez rêvé ? Ils l’ont fait. Des chercheurs de l’université d’Oxford viennent de montrer que l’on pouvait améliorer les compétences en mathématiques en envoyant un faible courant électrique dans une région précise du cerveau durant la résolution d’un problème. De quoi réconcilier celles et ceux qui ont des difficultés avec cette science si particulière.

Le contexte : améliorer les capacités cognitives par l’électricité

La rumeur prétend que nous n’exploitons que 10 ou 30 % des capacités de notre cerveau. Cet organe si particulier comporte encore son lot de mystères, mais des scientifiques pensent qu’il est possible d’augmenter sa puissance en utilisant les moyens adéquats. Ainsi, en 2010, Roi Cohen Kadosh et ses collègues britanniques ont montré que l’envoi d’un courant électrique de faible intensité dans le lobe pariétal droit du cerveau, impliqué dans la compréhension des nombres, permettait de mieux retenir une série de chiffres.
Mais ce n’était pas encore suffisant pour eux. Désireux de passer à l’étape supérieure, ils ont entrepris une série d’expériences dans le but d’améliorer directement la capacité de calcul. Comme ils l’expliquent dans la revue Current Biology, leurs efforts se sont révélés payants.

L’étude : le cerveau électrique meilleur en mathématiques

Dans ce nouveau travail, 25 volontaires ont pris part aux expérimentations. Tous se voyaient équipés d’électrodes placées au sommet du crâne, à des endroits bien précis. Durant des sessions mathématiques étalées sur cinq jours, 13 d’entre eux recevaient un courant électrique dont l'intensité fluctuait de manière arbitraire (stimulation transcrânienne de bruit aléatoire) dans une région précise du cerveau, le cortex préfrontal dorsolatéral, dont on suppose qu’il joue un rôle dans la réflexion mathématique. Les 12 autres, en revanche, faisaient office de groupe placébo, ceux-ci ne recevant pas de décharge. En parallèle, une spectroscopie dans le proche infrarouge, permettant d’observer le flux sanguin et d’en déduire le métabolisme, a été pratiquée chez tous les participants, afin d’étudier d’éventuelles différences.
Lors des tests, les volontaires au cerveau électrisé se sont montrés meilleurs que les autres pour retenir des équations qu’ils avaient préalablement vues, qu’ils ont mémorisées deux à cinq fois plus vite. En plus, leurs capacités de calcul ont été améliorées de l’ordre de 30 à 40 % par rapport à celles du groupe témoin. Lorsqu’on regarde le métabolisme cérébral, il est pourtant plus faible chez les volontaires traités. Leur cerveau est plus efficace en utilisant pourtant moins d’énergie. La stimulation électrique semble donc faciliter la mémoire mathématique et les aptitudes à compter sur le court terme.
Six mois plus tard, six participants de chaque groupe ont accepté de reprendre part aux tests. Les capacités de calcul restaient toujours supérieures dans le lot de ceux qui avaient été soumis au courant électrique. Mieux : ces performances pouvaient être généralisées. Ainsi, ils n’étaient pas uniquement plus brillants pour résoudre des équations déjà vues par le passé, ils se montraient également meilleurs pour trouver les résultats de problèmes du même ordre. En revanche, l’aspect mémoire avait régressé, et les deux groupes présentaient des performances équivalentes.

L’œil extérieur : bientôt disponible dans les salles de classe ?

Est-ce le secret pour réussir ses épreuves de maths ? Il est encore bien trop tôt pour le dire, et l’expérience, absolument non douloureuse, ne peut être généralisée à partir d’un échantillon aussi faible. Mais cela ouvre des perspectives réjouissantes, qui ne sont peut-être que les prémices d’une voie très prometteuses. Pour les auteurs, ce gain de potentiel mathématique s’expliquerait par une plus grande excitabilité des neurones du fait du courant électrique circulant, facilitant une activation synchrone des cellules cérébrales. Mais avant de voir débarquer de tels dispositifs dans les salles de classe ou à la maison, il faudra du temps. D’une part parce que les électrodes doivent être minutieusement placées par des experts et l’entraînement exige d'être tout aussi précis, et d’autre part car on ignore si la technique est sans danger. Et il y a de quoi émettre quelques doutes.
En effet, dans leur précédente expérience, ils avaient utilisé un courant de faible intensité et continu. Leurs investigations ultérieures ont révélé que la manipulation pouvait causer quelques troubles de la cognition. Dans ce nouvel article, ils ne font état d’aucun effet secondaire indésirable constaté. Êtes-vous alors prêts à tenter l’expérience pour compter un peu plus vite ?

Source : Futura-Sciences

samedi 18 mai 2013

Big Questions : Mathématiques


Big Questions : Mathématiques
Tony Crilly
Editions SW Télémaque (25 octobre 2012)
221 pages

Présentation de l'ouvrage
La collection Big Questions explore les thèmes fondamentaux de la science et de la philosophie qui ont piqué la curiosité des chercheurs depuis des siècles. De l'apparition des nombres aux formes idéales de Platon, de la théorie du chaos au dernier théorème de Fermat... dans Mathématiques, Tony Crilly aborde 20 questions clés pour mieux nous éclairer sur les principes fondamentaux des mathématiques et notre compréhension du monde.

Biographie de l'auteur
Tony Crilly est professeur de mathématiques à l'université du Middlesex à Londres. Il a publié ses recherches qui portent sur la théorie du chaos, les fractales et l'informatique. Il est aussi l'auteur de la biographie du mathématicien Arthur Cayley et du best-seller international Juste assez de maths pour briller en société.

jeudi 16 mai 2013

Jonglage : Des progrès accomplis grâce aux maths

La jonglerie, ou tour de passe-passe, d’adresse, a beaucoup progressé ces derniers temps, en partie grâce à une étude mathématique des différents modèles possibles.
Cette vidéo, publiée par la Simons Foundation et Scientific American, dévoile toutes les impressions réalisées par ces progrès (ici George Hart). Selon l’information qui court, ici distillée par les deux supports, si le jonglage a beaucoup progressé au cours des dernières décennies, c’est parce que les mathématiciens s’y sont intéressés. Ils ont commencé à étudier systématiquement les styles possibles de lancers sans collision.
À la suite de cette recherche, de nouvelles possibilités ont été découvertes pour les jongleurs, dit le journal Scientific American dans son édition Web. Qui ajoute que « Les chercheurs ont réussi à établir des liens entre le jonglage et l'algèbre des tresses offrent une autre façon d'analyser la jonglerie ».
En substance, on a réussi à mettre au point l’équation qui régit ce type de sport. Elle porte le nom d’équation de Shannon et est écrite ainsi :

( F + D ) H = ( V + D ) N

F = temps mis par une balle dans l'air
D = temps qu’un ballon est tenu dans une main
H = nombre de mains
V = temps pendant lequel la main qui lance est vide
N = nombre de boules jonglées

La jonglerie est régie par cette équation arithmétique qui a permis d’en développer trois modèles de base: la cascade, dans laquelle un nombre impair de boules est lancé d'une main à l'autre ; la fontaine, dans laquelle un nombre pair de balles est jonglé en deux colonnes distinctes ; et la douche , dans laquelle toutes les billes sont lancées dans un cercle. Un jongleur plus expérimenté pourrait jeter plus d'un objet à partir d'une seule main en même temps, une pratique connue sous le nom de multiplexage.

Source : Obamaths

mercredi 15 mai 2013

Conjecture de Goldbach : Terence Tao minimise la preuve du français Helfgott

Le mathématicien français Harald Helfgott vient de mettre en ligne deux papiers sur la conjecture faible de Goldbach. Si en France cela a été accueilli comme un soulagement, Outre-Atlantique, on a minimisé l'importance de cette "découverte" pour la suite. Conjecture de Goldbach : Duel au sommet ?

Lire l'article sur Obamaths

lundi 13 mai 2013

Hexa-hexaflexagones


Voir aussi :

dimanche 12 mai 2013

Mandelbulb Flight

samedi 11 mai 2013

A quoi servent les mathématiques ?


A quoi servent les mathématiques ?
Jamel Ouersighni
Editions L'Harmattan (1 novembre 2003)
272 pages

Présentation de l'éditeur
"À quoi servent les mathématiques ?", "Pourquoi faut-il faire des maths au collège et au lycée ?", "Où s'appliquent les mathématiques enseignées ? ", ... À ces questions et à bien d'autres inventées par les élèves, ce livre apporte des réponses claires et convaincantes.
Ce manuel présente les mathématiques autrement. Il donne une vision panoramique sur les différents domaines des mathématiques. Dans chaque chapitre de ce livre, vous trouverez un bref historique, l'essentiel du contenu mathématique et surtout une idée générale sur les différents domaines de son application. Son originalité est d'avoir été conçu pour aider les élèves de tout niveau à se familiariser avec les mathématiques.
Ce livre s'adresse à tous les élèves (collège et lycée). Il leur permet de comprendre les mathématiques, leurs utilités et leurs applications dans les différents domaines : sociales, scientifiques et artistiques. Il s'adresse aussi aux enseignants qui désirent mieux comprendre l'origine des difficultés et les obstacles qu'ils rencontrent chez leurs élèves, afin d'y remédier. Il peut intéresser aussi les parents qui cherchent à aider leurs enfants à comprendre les mathématiques et à réussir leurs études.

Biographie de l'auteur
Jamel OUERSIGHNI, professeur de mathématiques depuis une dizaine d'années. Dès le début de sa carrière, il s'est intéressé à la pédagogie de l'enseignement et à la didactique des mathématiques.

vendredi 10 mai 2013

Les défis mathématiques du "Monde", épisode 7 : les demi-verres


Les défis mathématiques du "Monde", épisode 7... par lemondefr

jeudi 9 mai 2013

Un message publicitaire vu seulement par les enfants

L'idée était de communiquer de deux manières différentes dans la rue : un message pour les adultes et un autre pour les enfants. Ces messages seraient bien distincts, et pour cause : c'est pour lutter contre la violence domestique contre les enfants. En effet, la communication est délicate sur ce sujet : l'enfant doit voir le message sans que les parents (violents) puissent interférer.


Une technique simple a permis de réaliser cela. Pas besoin de lunettes spéciales : il s'agit du procédé lenticulaire. Vous connaissez tous ces petites images sur carton qui bougent ou changent en fonction de la position de vos yeux par rapport à l'image.
Une fondation espagnole a utilisé cette astuce pour ne faire figurer les blessures sur le visage de l'enfant sur la publicité ainsi que le numéro de téléphone que si on ne dépasse pas une certaine hauteur (celle typique d'un enfant de 10 ans).

Source : Sur-la-Toile

mardi 7 mai 2013

Citation de Martin Gardner


Bien qu’il existe peu de choses plus divertissantes que les casse-tête, qui présentent un défi à l’ingéniosité et à la capacité de raisonner, le rôle de ces jeux ne se réduit pas aux seuls loisirs : comme l’indiquait J.E. Littlewood, un bon casse-tête mathématique peut apporter davantage aux mathématiques qu’une douzaine d’articles médiocres.

Martin Gardner

lundi 6 mai 2013

Numberphile

Une série de vidéos en anglais sur les nombres : Numberphile

dimanche 5 mai 2013

Le jeu Set

Venu d’outre-Atlantique, Set est un jeu de carte qui se joue à plusieurs et qui consiste pour chaque joueur à identifier le plus vite possible des familles de cartes compatibles. C’est aussi un jeu qui permet de se poser des questions combinatoires, algébriques, algorithmiques ou géométriques ; certaines restent ouvertes. Nous décrivons le jeu Set, examinons certaines de ses questions combinatoires puis les traduisons en termes spatiaux. On peut espérer tout lire avec un niveau terminale. L’occasion de pratiquer déjà de belles mathématiques !

Lire l'article sur Images des maths

samedi 4 mai 2013

La population mondiale arrêtera d'augmenter vers 2050

Des chercheurs espagnols estiment, statistiques à l'appui, que le nombre de gens sur Terre devrait se stabiliser vers le milieu de ce siècle. Le modèle utilisé pour réaliser cette prévision vient de ceux de physiciens, pour la physique de la matière condensée. Le résultat rejoint les prévisions des Nations Unies : 15,8 milliards de personnes en 2100 d'après l'estimation la plus haute et 6,2 milliards d'après l'estimation la plus basse.
Le modèle se simplifie pour ne garder que deux variables : les taux de mortalité et de natalité. Il montre une situation où la population croit fortement jusqu'au milieu des années 80, puis une chute de la vitesse pour une stabilisation vers 2050. En 1992 encore, on prévoyait qu'il y aurait 7,17 milliards de personnes sur notre globe en 2010 (contre 6,8 milliards actuellement). En réalité, c'est le taux de fécondité qui a chuté de plus de 40 % depuis les années 50.
L'étude n'a pas regardé les conséquences économiques, démographiques et politiques de cette stabilisation à venir.

Sources : Sur-la-Toile, e ! Science News

vendredi 3 mai 2013

Les défis mathématiques du "Monde", épisode 6 : le nombre mystère


Les défis mathématiques du "Monde", épisode 6... par lemondefr

mercredi 1 mai 2013

De l'usage trompeur des statistiques

Article du Courrier, 17 avril 2013

CRIMINALITÉ • Comment s’explique la surreprésentation des étrangers dans la criminalité? L’usage de statistiques bivariées peut être trompeur, allant jusqu’à faire croire que la nationalité pourrait influer sur la criminalité, prévient André Kuhn*. Alors qu’il n’en est rien.

En matière de criminalité, il en va de la nationalité comme de la taille. Le lecteur de la présente contribution sait probablement que les adultes de plus de 175 centimètres commettent davantage d’infractions pénales que ceux de moins de 175 centimètres... Il s’agit là d’une évidence criminologique et la raison en est très simple: la population adulte de plus de 175 centimètres est principalement formée d’hommes, alors que les femmes sont largement surreprésentées parmi les adultes de moins de 175 centimètres. Sachant par ailleurs que les hommes sont davantage impliqués dans le phénomène criminel que les femmes, il est logique que les adultes les plus grands commettent la plus grande partie des infractions pénales. Néanmoins, chacun comprendra aisément que cette surreprésentation des grands dans la statistique criminelle n’a évidemment rien à voir avec la taille des personnes, mais bien avec leur sexe. Personne ne prônera donc une action sur l’hormone de croissance ou le coupage de jambes comme politique de prévention de la criminalité...
Mais si ce raisonnement est tellement évident, alors pourquoi bon nombre de personnes ne sont-elles pas en mesure de le reproduire en matière d’implication des étrangers dans la criminalité? Comme pour les adultes de plus de 175 centimètres, il est très simple de démontrer que les étrangers sont surreprésentés dans le phénomène criminel. Ces derniers représentent en effet un peu plus de 20% de la population de Suisse, mais quelque 50% des condamnés par les tribunaux suisses1. Mais, de la même manière que pour les adultes de plus de 175 centimètres, il est aussi relativement simple de démontrer que ce sont d’autres éléments que la nationalité qui influencent la criminalité.
Sachant que la surreprésentation des immigrants dans la criminalité est un phénomène universel – qui s’observe donc dans tous les Etats –, il paraît évident qu’il ne peut pas s’agir d’un simple problème de couleur de passeport! Mais quelles sont alors les variables déterminantes dans l’explication du phénomène criminel? Comme il a été mentionné en introduction, l’une des principales variables explicative est le sexe. En effet, pour une distribution hommes/femmes d’environ moitié-moitié dans la population, il y a en Suisse quelque 85% d’hommes dans la statistique de condamnations pour seulement 15% de femmes.
Une autre variable importante dans l’explication du phénomène criminel est l’âge. Pour une proportion de quelque 30% de personnes de moins de 30 ans en Suisse, celles-ci sont environ 50% dans la statistique de condamnations.
C’est ainsi que le volume de la criminalité d’un Etat dépend fortement de la composition démographique de sa population. En effet, plus il y a de personnes du sexe et de la classe d’âge les plus criminogènes (soit des hommes et des jeunes), plus il y a de criminalité. Puis vient encore le niveau socio-économique, puisqu’il ressort des derniers sondages que quelque 37% des résidents en Suisse proviennent de milieux socio-économiques modestes ou moyens inférieurs et que ces mêmes milieux produisent environ 60% de la délinquance. Pour leur part, les milieux moyens supérieurs et aisés (soit 63% de la population sondée) produisent environ 40% de la criminalité.
Et finalement, ce qui vaut pour les différences de statuts socio-économiques vaut également pour le niveau de formation. C’est ainsi que la moitié de notre population est de niveau de formation «modeste» (primaire, secondaire, école professionnelle, apprentissage), alors que ce même niveau de formation se retrouve pour quelque 68% de personnes en détention2.

Des variables multiples

Ce que nous avons présenté dans les deux sections précédentes permet de constater que le phénomène criminel est lié de manière bivariée à plusieurs facteurs. Mais cela ne nous avance pas beaucoup, puisque le crime proviendrait des grands, des étrangers, des jeunes, des hommes, des pauvres et/ou des plus modestement formés. A partir de là, chacun tirera ses conclusions, non pas sur la base de connaissances scientifiques, mais bien en fonction de sa tendance politique. En d’autres termes, ces corrélations bivariées ne nous disent pas grand chose – pour ne pas dire rien du tout – sur le phénomène criminel. Nous tenterons dès lors d’affiner l’analyse afin de rendre notre propos un peu plus scientifique.
Si nous avons déjà vu que la taille en tant que telle n’influence en rien le crime mais est entièrement contenue dans la variable sexe, il nous reste encore à déterminer quel est le poids respectif de chacune des cinq variables restantes dans l’explication du phénomène criminel. Pour ce faire, il est nécessaire de mettre l’ensemble des variables explicatives du crime relevées ci-dessus dans un même modèle (qui ne sera donc plus bivarié, mais multivarié), modèle qui nous permettra de déterminer laquelle de ces variables explique la plus grande partie du crime, puis la valeur explicative supplémentaire de chacune des autres variables introduites dans le modèle.
En agissant de la sorte, on observe que la variable numéro un dans l’explication de la criminalité est le sexe. Le fait d’être un homme plutôt qu’une femme est donc l’élément le plus prédicteur de la commission d’une infraction. En deuxième position on trouve l’âge; ainsi, le fait d’être un jeune homme est plus criminogène que le fait d’appartenir à toute autre catégorie. En troisième position vient ensuite le niveau socio-économique et finalement le niveau de formation.
En d’autres termes, le profil type du criminel est celui d’un homme, jeune, socio-économiquement défavorisé et de niveau de formation plutôt bas. Et alors la nationalité dans tout cela? Eh bien la nationalité n’explique généralement aucune partie supplémentaire de la variance de la criminalité. En effet, la population migrante étant composée de manière surreprésentée de jeunes hommes défavorisés, la variable «nationalité» est comprise dans les autres et n’explique aucune part supplémentaire de la criminalité par rapport aux autres variables prises en considération; ceci de manière identique à la taille qui est comprise dans le sexe dans l’exemple mentionné en introduction, les hommes étant – en moyenne – plus grands que les femmes. Ce qui vient d’être exposé permet par ailleurs de comprendre pourquoi le constat que les étrangers commettent davantage de crimes que les nationaux est un phénomène universel. En effet, la migration, de manière générale, est principalement une affaire de jeunes plutôt que de vieux et d’hommes plutôt que de femmes. Sachant que les jeunes hommes représentent justement la partie de la population la plus criminogène, il est donc logique que la population migrante soit plus criminogène que ceux qui ne bougent pas de leur lieu de naissance.
Il est dès lors totalement erroné de comparer les étrangers aux nationaux, puisque l’on compare alors une population faite essentiellement de jeunes hommes à une population de nationaux vieillissants et composés des deux sexes à proportions à peu près égales. C’est ainsi que si l’on compare le taux de criminalité des étrangers à celui des nationaux du même sexe, de la même classe d’âge, de la même catégorie socio-économique et du même niveau de formation, la différence entre les nationaux et les étrangers disparaît.
Il arrive néanmoins que la nationalité explique tout de même une petite partie de la criminalité; ceci dans le cas très particulier de migrants provenant d’un pays en guerre. En effet, l’exemple violent fourni par un Etat en guerre a tendance à désinhiber les citoyens qui deviennent alors, eux aussi, plus violents et exportent ensuite cette caractéristique dans le pays d’accueil. Ce phénomène est connu en criminologie sous le nom de «brutalisation». Ainsi, il semblerait que, lorsque l’immigration provient d’un pays en guerre, les quatre premières variables (sexe, âge, statut socio-économique et niveau de formation) ne suffisent pas à expliquer toute la criminalité; la nationalité entre alors aussi dans le modèle explicatif, en cinquième position. Au contraire, lorsque l’immigration provient de pays non en guerre, la nationalité n’explique rien de plus que ce qui est déjà expliqué par les quatre premières variables.
Mentionnons encore que le phénomène de «brutalisation» que nous avons évoqué ci-dessus explique également pourquoi les Etats qui ont réintroduit la peine de mort aux Etats-Unis ont connu ensuite une augmentation de leur criminalité violente3... En effet, lorsque l’Etat procède lui-même à des exécutions capitales, il désinhibe les citoyens en les confortant dans l’idée que la violence est une manière adéquate de résoudre les conflits, augmentant ainsi le nombre de crimes violents. Le même effet de «brutalisation» permet probablement aussi de comprendre pourquoi, en Suisse, la punition ordinaire qu’infligent certains parents à leurs enfants lorsque ceux-ci font une bêtise est l’enfermement dans la chambre, alors qu’il s’agit – aux yeux de la loi pénale – d’une séquestration, passible d’une peine privative de liberté de cinq ans... Nous sommes donc tous brutalisés par nos systèmes étatiques respectifs que nous reproduisons ensuite, sans même nous en rendre compte, à plus petite échelle.

Considérations de politique criminelle

Nous savons donc maintenant que les variables qui expliquent le phénomène criminel sont dans l’ordre: le sexe; l’âge; le niveau socio-économique; le niveau de formation; la nationalité (parfois).
La question qu’il reste à résoudre est de savoir comment cette connaissance peut être transposée en termes de mesures de prévention du crime. Si l’on prend les variables dans leur ordre d’importance explicative du phénomène criminel, on devrait envisager en premier lieu une politique de réduction de la masculinité... Il va néanmoins de soi que des politiques préconisant l’élimination des hommes ou l’encouragement de la natalité féminine contreviendraient non seulement à notre droit, mais seraient également fondamentalement contraires à notre sens de l’éthique. Les mêmes griefs peuvent d’ailleurs être avancés contre des politiques qui préconiseraient une élimination ou une ghettoïsation des jeunes. Quant à une politique de «dénatalisation», elle irait à l’encontre de l’intérêt de l’Etat à long terme.
Notons néanmoins que, pour ce qui est de la variable sexe, la féminisation d’une société ne passe pas forcément par une féminisation physique, mais pourrait tout aussi bien être à caractère sociologique. Cela reviendrait donc à rejeter les valeurs généralement attribuées à la gent masculine (tel le machisme) et à favoriser des valeurs que la société attribue plus volontiers aux femmes (telles que la tendresse). En troisième lieu – donc après le sexe et l’âge –, il serait envisageable de songer à une prévention du crime passant par davantage d’égalité entre les habitants d’un pays et donc à éviter toute «société à deux vitesses». Puis, en quatrième lieu, il s’agirait d’envisager une amélioration du niveau de formation des plus démunis et des moins bien formés.
En conclusion, si l’on cherche véritablement à lutter contre le crime et que l’on désire investir dans les mesures qui ont le plus grand potentiel de succès, il est impératif de commencer par envisager une action sur les variables les plus explicatives de la criminalité. Sachant par ailleurs que l’action sur le sexe et sur l’âge est difficilement réalisable et surtout éthiquement douteuse, les actions les plus à même de combattre le phénomène criminel semblent manifestement être les actions sociale4 et éducative.
Comme le fait de s’attaquer à la taille des personnes, s’en prendre aux migrants consiste donc à se tromper de cible. Sans compter par ailleurs qu’il n’est pas certain qu’une politique d’élimination des étrangers soit vraiment plus éthique qu’une politique d’élimination des hommes ou des jeunes...

* Professeur de criminologie et de droit pénal aux universités de Lausanne, Neuchâtel et Genève.
Ce texte a fait l’objet d’un hors-série édité par l’association «Vivre Ensemble» (www.asile.ch/vivre-ensemble/) qui a été adressé la semaine dernière aux conseillers nationaux. Dans le cadre de sa session de rattrapage, la Chambre du peuple doit se prononcer aujourd’hui sur une série de revendications amenées par la droite qui, sous couvert de lutte contre la criminalité, réclame des tours de vis en matière d’asile –entre autres,  tests ADN pour les requérants et renforcement de la police des frontières.
1 Cf. Office fédéral de la statistique (www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index.html), rubrique 19.
2 Sources: sondages suisses et statistiques pénitentiaires américaines.
3 Dans ce contexte, l’hypothèse de la «brutalisation» a par exemple été vérifiée dans l’Etat d’Oklahoma par W. C. Bailey, Criminology, vol. 36, 1998, pp. 711ss.
4 Dont font d’ailleurs partie les politiques d’intégration des étrangers.

mardi 30 avril 2013

Une formule révèle quel acteur hollywoodien est le plus connecté du milieu

Une vieille légende urbaine affirme que chaque personne qui travaille dans le cinéma à Hollywood peut être connectée à l’acteur Kevin Bacon par six degrés de séparation au maximum.
Si nous savons cela, c’est grâce au travail un peu fou et obsessionnel d’un certain Patrick Reynolds, ancien étudiant en sciences informatiques à l’université de Virginie, qui développe le site web Oracle of Bacon. Son truc? Mesurer les degrés de séparation entre Bacon et tout acteur hollywoodien recensé sur la base du site professionnel IMDB (2,1 millions de personnes, tout de même).
Cela donne de drôles de tableaux comme celui-ci, qui se lit ainsi: 1 personne est liée à Bacon par 0 degré de séparation, forcément, il s’agit de l’acteur lui-même…
Ensuite ils sont 2.511 à être liés à lui sans intermédiaire, c’est-à-dire à avoir partagé l'affiche dans un film avec lui. 262.544 sont liés à Bacon par deux degrés de séparation, c’est-à-dire qu’ils ont joué avec quelqu’un qui a joué avec Kevin. Et ainsi de suite… Jusqu’aux malheureux losers, ces 32 personnes qui connaissent quelqu’un qui connaît quelqu’un, qui connaît quelqu’un (etc. jusqu’à sept) qui a joué avec l’acteur.


Grâce à une formule mathématique qui aggrège toutes ces données, on peut calculer un degré de séparation moyen pour chaque acteur. Pour Bacon il s’agit du Bacon number, pour Sean Connery du Connery number, etc. A force de jouer à ça, Reynolds a finit par découvrir qu’il y avait 444 acteurs qui étaient mieux connectés, ou plus centraux, que Bacon.
«Désolé, Kevin Bacon, tu n’es pas le centre du monde hollywoodien», écrit Tessa Stuart sur le site BuzzFeed. Car selon cette formule, l’homme le plus connecté d’Hollywood est l’acteur Dennis Hopper, avec un nombre Hopper moyen de 2,80 degrés de séparation. Viennent ensuite Harvey Keitel, Donald Sutherland, David Carradine, Udo Kier et Martin Sheen.
La première femme, en 23ème position, est Karen Black, juste devant Christopher Walken. Elle précède Faye Dunaway, la seule autre femme de ce top 40, en 38ème position.
Reynolds ne s’arrête cependant pas là. Il a aussi cherché qui était le centre de l’univers du baseball américain. Son autre marotte consiste à chercher des nombres Erdős. Paul Erdős, mathématicien excentrique hongrois, décédé en 1996, est célèbre pour avoir écrit 1.500 articles scientifiques avec de nombreux co-auteurs. De sorte que tout le monde dans le milieu académique mathématique est lié au fameux Erdős, et que de nombreuses personnes n'ont qu'un ou deux degrés de séparation avec lui (il existe même une liste de ces gens...)
Le plus fou est encore à venir: Reynolds s'amuse à trouver un nombre Erdős-Bacon, c'est-à-dire des personnes qui seraient liées à la fois à l'acteur hollywoodien et au mathématicien. Evidemment «ils sont très peu nombreux à avoir un nombre Erdős-Bacon, parce que la plupart des gens ne sont pas chercheur en théorie mathématique ET acteur», explique Reynolds sur BuzzFeed. Mais il y en a: l'actrice Natalie Portman a en effet écrit un article de théorie mathématique dans sa jeunesse...

Source : Slate.fr

lundi 29 avril 2013

Le paradoxe de Simpson

Non, le paradoxe de Simpson ne tire pas son nom de Homer, mais de Edward Simpson, le statisticien qui l’a décrit pour la première fois en 1951. Il s’agit d’un de ces paradoxes mathématiques qui peut nous faire des noeuds à la tête, mais qui malheureusement est bien plus qu’une simple curiosité : bien comprendre ce paradoxe peut s’avérer essentiel pour prendre les bonnes décisions !
Alors si vous ne connaissez pas ce phénomène statistique très contre-intuitif, lisez la suite, et les bras devraient vous en tomber !

Lire l'article sur Science étonnante

dimanche 28 avril 2013

La déesse des petites victoires


La déesse des petites victoires
Yannick Grannec
Editions Anne Carrière (23 août 2012)
468 pages
Prix des libraires 2013

Description de l'éditeur
Université de Princeton, 1980. Anna Roth, jeune documentaliste sans ambition, se voit confier la tâche de récupérer les archives de Kurt Gödel, le plus fascinant et hermétique mathématicien du XXe siècle.
Sa mission consiste à apprivoiser la veuve du grand homme, une mégère notoire qui semble exercer une vengeance tardive contre l’establishment en refusant de céder les documents d’une incommensurable valeur scientifique.
Dès la première rencontre, Adèle voit clair dans le jeu d’Anna. Contre toute attente, elle ne la rejette pas mais impose ses règles. La vieille femme sait qu’elle va bientôt mourir, et il lui reste une histoire à raconter, une histoire que personne n’a jamais voulu entendre. De la Vienne flamboyante des années 1930 au Princeton de l’après-guerre ; de l’Anschluss au maccarthysme ; de la fin de l’idéal positiviste à l’avènement de l’arme nucléaire, Anna découvre l’épopée d’un génie qui ne savait pas vivre et d’une femme qui ne savait qu’aimer.
Albert Einstein aimait à dire : « Je ne vais à mon bureau que pour avoir le privilège de rentrer à pied avec Kurt Gödel. » Cet homme, peu connu des profanes, a eu une vie de légende : à la fois dieu vivant de l’Olympe que représentait Princeton après la guerre et mortel affligé par les pires désordres de la folie. Yannick Grannec a réussi, dans ce premier roman, le tour de force de tisser une grande fresque sur le XXe siècle, une ode au génie humain et un roman profond sur la fonction de l’amour et la finalité de l’existence.

Biographie de l'auteure
Yannick Grannec est designer industriel de formation, graphiste de métier et passionnée de mathématiques.

samedi 27 avril 2013

Les défis mathématiques du "Monde", épisode 5 : les cordes gagnantes


Les défis mathématiques du "Monde", épisode 5... par lemondefr

jeudi 25 avril 2013

The Cartoon Guide to Calculus


The Cartoon Guide to Calculus
Larry Gonick
Editeur : William Morrow Paperbacks (27 décembre 2011)
256 pages

Description
Master cartoonist Larry Gonick has already given readers the history of the world in cartoon form. Now, Gonick, a Harvard-trained mathematician, offers a comprehensive and up-to-date illustrated course in first-year calculus that demystifies the world of functions, limits, derivatives, and integrals. Using clear and helpful graphics—and delightful humor to lighten what is frequently a tough subject—he teaches all of the essentials, with numerous examples and problem sets. For the curious and confused alike, The Cartoon Guide to Calculus is the perfect combination of entertainment and education—a valuable supplement for any student, teacher, parent, or professional.

Biographie de l'auteur
Larry Gonick has been creating comics that explain history, science, and other big subjects for more than forty years. He wrote his first guide, Blood from a Stone: A Cartoon Guide to Tax Reform, in 1977. He has been a calculus instructor at Harvard (where he earned his BA and MA in mathematics) and a Knight Science Journalism Fellow at MIT, and he is staff cartoonist for Muse magazine.

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