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"Si les Allemands avaient changé leurs rotors plus souvent, il est possible que les efforts des experts de Bletchley Park soient restés vains". En effet, bon nombre d’experts militaires estiment que si les efforts énormes consentis pour le décryptement d’ENIGMA avaient été infructueux, la guerre s’en serait peut-être trouvée prolongée d’un an. Les photos que l’on peut trouver dans certains ouvrages consacrés à cet appareil montrent à l’évidence que la modification des connexions entre les lettres d’un rotor est une opération complexe qui ne pourrait être faite qu’en atelier par un spécialiste, mais qui n’est certainement pas à la portée de l’exploitant. On est alors conduit à se demander s’il n’aurait pas été possible de concevoir un dispositif de connexion tel qu’un simple exploitant puisse modifier ces connexions avec la même facilité qu’un chiffreur modifie la position des ergots d’une machine Hagelin C. 36. Dans cette hypothèse, il aurait été possible de mettre en service quotidiennement un jeu de rotors entièrement nouveaux. Le rotor décrit et représenté ci-après (figure N° 1), réalisable sans difficultés techniques excessives, aurait permis, semble-t-il, d’apporter une solution à ce problème. I - Le rotor
En partant du centre, celui-ci se présente ainsi :
II – Accessoires du rotorChaque rotor est doté de 13 paires de broches ou connecteurs en laiton en forme de U. La partie centrale est isolée, les deux branches latérales ont deux millimètres de diamètre. Ces treize paires de connecteurs diffèrent par la longueur de la partie centrale : pour la plus petite celle-ci est égale à la distance qui sépare le trou percé dans un plot-lettre de celui percé dans le cercle de laiton N° 1 (en partant de l’extérieur). Pour la seconde paire de connecteurs, cette longueur est égale à la distance entre le trou d’un plot-lettre et celui percé dans le cercle N° 2, et ainsi de suite pour les paires de connecteurs suivants.Pour connecter deux plots-lettres quelconques, il suffit de les relier à l’un quelconque des cercles laiton au moyen des deux connecteurs de longueur égale. On peut ainsi réaliser n’importe quel modèle de connexion entre les différents plots-lettres.
III - Exemple de mise à la clé du rotorLes barres noires représentent les connecteurs. La clé est la suivante : B C D E F G O R S T V W Z A P Q U L Y I X M N K H J (Figure 3)
![]() Remarque: Bien entendu, un rotor tel que celui-ci aurait eu un diamètre sensiblement supérieur à celui des rotors qui furent utilisés, ce qui aurait conduit à une architecture différente de la machine, mais ceci parait un problème mineur au regard des avantages qui en auraient résulté. IV - Des questions que vous vous posez peut-êtreSans doute est-il opportun d'aller au devant des questions que pourrait se poser les lecteurs, s'il y en a (je parle des lecteurs, pas des questions).
V - Des questions que l'on peut assurément se poserSi, en cas déchec de Bletchley Park, la guerre s'était prolongée d'un an ainsi que l'envisagent certains experts, que se serait-il passé ? Sur un tel sujet, l'internaute moyen peut poser les questions, mais pas y répondre. Mais il nest pas stérile de poser des questions, car elles appellent des réponses. On peut supposer que le débarquement n'aurait sans doute pas eu lieu en 1944. Dans cette hypothèse, les Nazis auraient-ils pu disposer dun supplément de moyens militaires pour contenir la poussée russe un an de plus ? Toute la recherche scientifique allemande était braquée sur les moyens de destruction massive. Elle avait devancé les Alliés dans les domaines de laviation à réaction (Messerschmitt 262) et des fusées (V1, V2). Les usines de guerre, enterrées ou embétonnées avaient même, sous l'impulsion remarquable de Speer, augmenté leur production, malgré les bombardements massifs. En dépit des coups très durs que leur avait portés les exploits de la résistance norvégienne, où en étaient-ils dans le domaine de la bombe atomique, qui bénéficiait certainement dune priorité absolue ? Il a fallu deux bombes atomiques aux Américains pour mettre à genou le peuple japonais, qui donna tant de preuves de son dévouement fanatique à son pays et à son empereur. On a dit que c'était les deux seules dont ils disposaient. S'il en est ainsi, combien de temps leur aurait-il fallu pour en produire dautres et les rendre opérationnelles ? Quel effet cela aurait-il eu sur des villes déjà en ruines, sur des usines indestructibles et sur un chef d'état dont la seule obsession était de gagner du temps, au point de sacrifier une armée plutôt que de céder du terrain ? Que serait-il arrivé ? Beau sujet de site pour celui qui posséderait les exceptionnelles compétences nécessaires ! Peut-être existe-t-il dans cette jungle touffue qu'est Internet. |
| Pierre Baud, 12.2.2009 |