L'abbé Jean Trithème imagina vers 1500 un très astucieux système chiffré (les Ave Maria) comprenant une série de 14 alphabets dans lesquels les lettres étaient remplacées par des mots ou des groupes de mots. Chacun d'eux était choisi de manière telle qu'il résultait de leur succession un texte latin cohérent, prière ou glorification religieuse. Des mots "inutiles" étaient rajoutés pour articuler le texte. On trouve des Ave Maria dans le premier livre de Polygraphia. Voici l'un de ces alphabets:
| A | dans les cieux | N | en paradis | B | à tout jamais | O | toujours | C | un monde sans fin | P | dans la divinité | D | en une infinité | Q | dans la déité | E | à perpétuité | R | dans la félicité | F | sempiternel | S | dans son règne | G | durable | T | dans son royaume | H | sans cesse | U, V, W | dans la béatitude | I, J | irrévocablement | X | dans la magnificence | K | éternellement | Y | au trône | L | dans la gloire | Z | en toute éternité | M | dans la lumière |
L'inconvénient du système résidait dans le temps nécessaire à la transposition d'un texte de quelque importance et dans la grande taille du texte chiffré. Mais, outre que le message chiffré se présentait comme une suite normale de mots, les décrypteurs éventuels auraient dû, à cause des nombreuses équivalences, rechercher et accumuler une masse énorme de matériaux avant de parvenir à déceler des similitudes qui auraient pu leur permettre de découvrir la clef.
![]() Jean Trithème (1462-1516) |